Textes du confiné

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LES TEXTES DU CONFINÉ

En 2020, nous vous avions demandé de nous faire part de vos pensées et de vos impressions
lors de la longue période de confinement.

Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui ont pris leur plume.

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Texte de Jeannine : Le spleen du cormoran

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Il y avait Beatriz, Alya, Chantal, Sylvia, Tiffany et ses petits, Florence, Laurence, Clémentine, Iromi, Christine, Linda, Mariana, Aynaz, Valérie, Irina, Mutsuko, Zulfiye, Evelyne et ses petits, Miora, Sabrina, Danielle, Claudia, Pierre, Rahim et mes invités et moi ! Joli florilège !
Toutes et tous l’avons parcouru ce boulevard, l’avons bordé et brodé cet abord de la Caspienne, sans jamais nous lasser ! A certains qui vitupéraient à la vue des photos et disaient « c’est toujours pareil !».
Qu’avions-nous à leur répondre si ce n’est qu’ils se trompaient et que ce trajet auquel nous ne dérogions permettaient aux retardataires de nous rejoindre où bon leur semblait.
S’il est vrai que nous ne faisions pas toujours « boulevard comble », la marche étant moins fournie n’en était pas moins riche.
Mais riche de quoi ? Riche quoi ! D’interactions humaines, de paysages devant lesquels nous extasions encore et encore, d’observation de la faune maritime, d’apprentissage de lutte contre les éléments, de rencontres étranges et interpelantes qui ne manquent pas de nous interroger encore ce jour !
Ce jour, jour de nostalgie, jour de retour sur le passé, jour de larmes contenues, jour teinté de peur et de tristesse, jour inédit, je voudrais saluer le corbeau marin qui perché sur son piédestal rocheux ne manquait pas de nous attendre. Maintes et maintes fois je le fixai à la postérité, et lui suis redevable ce jour d’une « peut être » ultime interpellation :

  • Vois-tu sombre cormoran, garant de notre assiduité, que ne nous as-tu fait trembler lorsque tu plongeais dans les tréfonds de cette mer que nous ne pouvions qu’imaginer dangereuse pour toi, te voilà aujourd’hui sans doute bien désemparé. Lors de nos premiers passages, pour nous ébaubir tu te propulsais, contre vents et marées, dans cette eau souillée et il était long le moment où l’on te voyait ressortir à quelques dizaines de mètres plus loin ! Nous te pensions perdu, corps et âmes ! Mais non, tu réapparaissais à chaque fois et oui, c’était bien toi, un signe discret nous le confirmait ! Nous ne le comprîmes que plus tard, il te fallait sustenter ta marmaille ! 
  • « Où êtes-vous donc passés téméraires marcheurs du lundi ? Vous nous avez tous fait faux bonds ! Cela nous divertissait bien mes congénères et moi de vous attendre, de faire des paris sur votre nombre à cette sortie qui rythmait notre semaine ! Il arrivait que cela frisait la manifestation, non pas la française !  Vos bavardages nous divertissaient et nous renseignaient sur votre monde ! Nous nous sommes enrichis nous aussi ! » 
  • Vois-tu beau cormoran, c’est une situation bien inédite qui fait que les vagues se succéderont à l’instar des marées avant que nous ne réapparaissions ! Ton ennui n’est pas à son terme. Des éléments de notre monde, des humains donc, se sont rassasiés à la source du monde animal et ont dévoré en agapes pantagruéliques d’horribles mammifères qu’un certain humoriste avait d’ailleurs tourné en dérision le comparant « à un artichaut à l’envers prolongé d’une queue » allant jusqu’à le prétendre ridicule ainsi. Eh ! bien ! Il s’est bien vengé « le pangolin » ! L’exterminer et se moquer, c’en était trop ! Il a disséminé chez ses dévoreurs un redoutable virus, présent dans son génome et transmissible à l’homme ! Rassure-toi, nous n’en avons pas consommés ! Nous avons laissé à d’autres cette expérience primitive, ces autres qui l’utilisent aussi dans leur médecine faisant courir le risque de leur extinction !
  • Eh ! bien, leur extinction… c’est du pain béni pour vous : plus de pangolin ridicule, plus de virus ! Je ne manquerai pas lors de mon prochain team-building de mettre en garde mes congénères qu’ils ne s’approchent ni de près, ni de loin à tout ce qui ressemble à un artichaut !
  • Patience sombre cormoran ! L’histoire est loin d’être terminée, nous te l’avons précisée, vagues et marées vous verrez avant que nous ne réapparaissions ! Soit dit en passant, méfie-toi aussi des chauves-souris, leur anagramme n’est-il pas « souche à virus » ? Elles le détiennent aussi ce virus et s’il n’est pas transmissible à l’homme, d’après les dires de scientifiques, l’est-il au corbeau des mers ? 
  • Ah ! Les chauves-souris, c’est noté ! Mais sachez que nous ne faisons aucune confiance à ces individus souvent la tête à l’envers ! C’est pourquoi nous vous affectionnions car vous nous paraissiez avoir une tête bien faite et jamais vous n’avez perturbé notre mode de vie. Vous apparaissiez, lundi matin tapant, chemin faisant, marchant la tête à l’endroit et bavardant sans essayer de nous ravir notre nécessaire pitance. Nous en voyions, arme à la main, longs bâtons munis de fils, plombs et crochets nous ravir nos provisions ! Nous nous sommes laissé dire que certains ne seraient que des leurres, ils seraient là pour faire beau !
  • Donc de gouttelettes en postillons, de toux en éternuements, ce terrible virus a fait sa marche, stoppant la nôtre et s’est révélé d’un degré certain de contagion. Il démarra en Chine et le voilà s’immisçant effrontément faisant fi de toute frontière. Certains, tel un certain Boris, s’en sont moqués, le traitant de prétentieux et prétendant qu’on en avait vu d’autres ! Cloués au lit, souvent sous respirateur se retrouvèrent et quand ils s’en sont relevés, ne tarissent plus de précautions, d’objurgations, d’admonestations voire d’interdictions ! Oui tu l’auras compris sombre cormoran, c’est bien à notre corps défendant que nous ne sommes plus présents chaque semaine. Nous voilà confinés chacun chez nous, entre nos murs et crois-moi, le joli florilège énuméré a volé en éclat et c’est chacun chez soi que nous nous retrouvons et cela depuis plus d’un mois et ne savons quand cela se terminera ! C’est donc de partout dans le monde que nous regrettons ta compagnie et c’est un petit signe teinté de nostalgie que nous t’envoyons du Canada, de Moldova, de Roumanie, d’Algérie, du Sri Lanka, de Suisse, du Japon, d’Azerbaïdjan et de France.   

Texte de Jeannine : Le confinement

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Abreuvés par de multiples ondes et maints médias
De recommandations relatives au Corona
De surprises, d’hébétudes et de peur étions pénétrés
Mais qu’était-ce à dire ? N’étaient-ils pas dans l’excès ?

Il nous plaisait de croire que ces susmentionnés
Colportant vérités et contre-vérités
Cela leur importait peu, il fallait faire du nombre
Et, nous d’autant plus assidus que le tableau était sombre !

Et, survint le nombre des agonisants,
Lesquels chaque lendemain allaient en s’amplifiant,
Le virus était sérieux, le virus était méchant,
Alors sans coup férir fut décidé le complet confinement !

« Le pays est en guerre » répéta le président,
« Restez chez vous » remplaça « le vivre ensemble ».
Mais… le soleil jouant les trouble-confinements,
D’onéreux procès vinrent à bout des contrevenants.


Texte de Camille : Le confinement

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Le temps est un bien tellement précieux…  et même si ce confinement n’est pas désiré c’est un temps que nous devrions utiliser pour prendre soin de nous, de notre famille… Réfléchir à cette nouvelle vision du monde, utiliser ce temps pour découvrir ou apprendre tout un tas de choses, se cultiver, faire du sport, méditer, relire tous les grands classiques, etc..

Bon ceci est la théorie, enfin chez moi tout ceci est un doux rêve… 


Ma vie de confinée se résume en quelques phrases…


« Maman il y a un problème avec le wifi !!! »
« Maman je n’arrive pas à me connecter !!! »
« Maman vite tu dois scanner mon devoir !!!! »
« Maman, vite il faut imprimer ça !! »
« Maman tu as reçu un WhatsApp ou un mail pour mon cours ? »
« Maman, j’ai faim ! Qu’est ce qu’on mange ? »
« Maman, vite il faut que je mange je dois me reconnecter dans 15 minutes !!! »
« Maman, il n’y a plus le jus de fruits que j’aime ! »
« Maman, Il n’y a plus de gâteaux… »
« Maman j’ai soif ! je suis en cours tu peux m’amener un verre d’eau s’il te plait ? »
« Maman, tu m’avais promis que je pourrais fêter mon anniversaire avec mes copines… »

En ce qui concerne le sport…

J’ai bien évidemment essayé à plusieurs reprises de suivre des cours de yoga sur ma TV, mais comment se recentrer, vider son esprit quand ma fille toutes les 5 minutes me demande un truc…

J’ai donc opté pour du stretching… Ce sont des étirements musculaires mais c’est également un étirement temporel… Le cours de 25 minutes se transforme en un cours de 1 heure… Peut-être devrais je suivre le cours après la connexion de ma dernière… Mais après quand vais-je préparer le repas ?

Vous pouvez constater que les débats philosophiques se bousculent dans ma tête…

La journée s’enchaîne donc entre le ménage, le linge, la réalisation des repas, les devoirs, les connexions, les messages et appels à la famille aux amis et surtout l’inquiétude pour toutes les personnes que j’aime…

 Demain est un autre jour et peut-être que demain sera le premier jour d’une nouvelle vie !


Texte d’Evelyne : L’essence des mots

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La quarantaine m’évoque bien des choses,
L’insouciance qui s’allie avec la plénitude
L’amour et l’amitié en osmose
Il n’y a pas de place pour la solitude.

Aujourd’hui ce mot quarantaine
A dévoilé son autre visage
Je ne suis plus aussi sereine
Et il me montre la cruauté de l’âge

Nous en ressortirons tous grandis
Voulant profiter encore et encore
Peut-être un peu aussi meurtris
Mais sûrement plus fort

La vie est un bien précieux
Pourquoi toujours attendre
D’arriver aux cieux
Pour le comprendre


Texte de Clémentine : le sonnet du confiné

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Ensemble réunis dans le confinement
Nous étions las, soumis à un doute infini.
Implacable tristesse, manque de rêveries
Nos larmes remontaient dans de sombres relents.

Mais le jour arriva où enfin nous rendîmes
Les armes à l’abîme s’ouvrant devant nous :
Pleurs, peurs, malheurs, langueur, courroux fous et remous
Des sentiments indignes des plus hautes cimes.

Il fallait vitement face au mal redouté
Adopter un changement vif de volonté.
Aux armes notre fierté et notre bonhomie !

Urgence advint de sauver nos tendres foyers
Et de tout ce malheur tirer une fierté.
En marche rapprochée nous choisîmes la vie.

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